Citation de Jean Baudrillard

Rien ne sert d'être vrai, il faut encore l'éclat de la vérité. Rien ne sert de mentir, il faut encore l'éclat du mensonge.

On revient avec le crédit à une situation proprement féodale, celle d'une fraction de travail due d'avance au seigneur, au travail asservi.

On ne peut distinguer le sublime de l'agréable que parce que le souvenir vous en serre le coeur.

Il y a une façon nerveuse, et une façon langoureuse, de faire de la politique, comme de faire l'amour. La rencontre des deux donne les plus beaux effets, ou les plus beaux enfants.

Nous ne voulons plus d'un destin. Nous voulons une histoire.

Le plaisir de l'eau sur les lèvres est supérieur à celui de boire.

L'insomniaque rêve d'une défaillance de la conscience qui lui permettrait de dormir comme l'acrobate rêve d'une défaillance de la pesanteur qui lui permettrait de ne jamais retomber.

Les statistiques sont une forme d'accomplissement de désir, tout comme les rêves.

Il faut vivre en intelligence avec le système, mais en révolte contre ses conséquences, il faut vivre avec l'idée que nous avons survécu au pire.

La tristesse de l'intelligence artificielle est qu'elle est sans artifice, donc sans intelligence.

L'apparence, comme la fraîcheur, est une passion. Il y a une obsession de la vérité, mais une passion de l'apparence.

Nous ne voulons plus d'un destin. Nous voulons une histoire.

Dans la logique des signes comme dans celles des symboles, les objets ne sont plus du tout liés à une fonction ou à un besoin défini. Ils répondent soit à la logique sociale, soit à celle du désir auquel ils servent de champ mouvant.

Les statistiques sont une forme d'accomplissement de désir, tout comme les rêves.

La séduction est de l'ordre du rituel, le sexe et le désir de l'ordre du naturel.

La vérité est ce dont il faut se débarrasser au plus vite et la refiler à quelqu'un d'autre. Comme la maladie, c'est la seule façon d'en guérir.

La gloire auprès du peuple, voilà à quoi il faut aspirer. Rien ne vaudra jamais le regard éperdu de la charcutière qui vous a vu à la télévision.

Un jugement négatif vous satisfait plus encore qu'une louange, pourvu qu'il respire la jalousie.

La beauté n'est pas négociable, puisque personne ne peut lui offrir l'équivalent de ce qu'elle est.

On ne parle de clonage qu'en termes biologiques. Or il a déjà été précédé par un clonage mental : le système de l'école permet de fabriquer des êtres qui deviennent une copie conforme les uns des autres.

Certaines femmes ne rêvent que de gagner un homme. D'autres, plus rares, ne rêvent que de les perdre.

Il en est des femmes comme des événements historiques : elles se produisent une première fois dans notre vie comme événement et elles ont droit à une existence seconde comme farce.

Halloween n'a rien de drôle. Ce festival sarcastique reflète plutôt une soif de revanche des enfants sur le monde adulte.

La neige n'est plus un don du ciel. Elle tombe exactement aux endroits marqués par les stations d'hiver.

La télévision ne connaît pas la nuit. Elle est le jour perpétuel.

La femme n'est pas en position de désir, elle est en position, bien supérieure, d'objet de désir.

La mort elle aussi brille par son absence.

L'information peut tout nous dire. Elle a toutes les réponses. Mais ce sont des réponses à des questions que nous n'avons pas posées, et qui ne se posent sans doute même pas.

La neige n'est plus un don du ciel. Elle tombe exactement aux endroits marqués par les stations d'hiver.

Rien ne sert d'être vrai, il faut encore l'éclat de la vérité. Rien ne sert de mentir, il faut encore l'éclat du mensonge.

Ce qui passe de mode entre dans les moeurs. Ce qui disparaît des moeurs ressuscite dans la mode.

Il est difficile de remédier à notre propre tristesse parce que nous en sommes complices. Il est difficile de remédier à celle des autres parce que nous en sommes captifs.

La consommation est un moyen de s'amuser et de se divertir.